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  • : Le blog d'Ebichu
  • : Jeu de go, traductions de mangas, musique et films : un tour d'horizon de mes centres d'intérêt qui gravitent souvent autour du Japon.
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29 mai 2007 2 29 /05 /mai /2007 11:03

La veille de mon retour en France, je me suis fait un dernier plaisir en m’offrant des pierres de go dans une petite boutique spécialisée, située dans le quartier de Ginza, à deux pas de l’Apple Store. Je regrette de ne pas avoir eu sur moi mon appareil photo pour pouvoir immortaliser cette caverne d’Ali Baba jonchée des plus beaux goban que j’ai pu voir jusqu’ici, sans parler des innombrables jeux de pierres en nacre, dont les prix allaient du simple au quadruple.
L’état de mes finances étant arrivée son terme, je décidais de jeter mon dévolu sur des pierres de taille 33 (soit 8,8mm d’épaisseur) dans une qualité certes basique, mais très nettement « haut de gamme ». Total, environ 100 euros, quand j’aurais dû dépenser le triple en France pour des pierres de plus petite taille. Par contre, j’ai dû m’asseoir sur mon envie de ramener un goban, d’une part parce que mes finances ne me le permettaient pas, et d’autre part parce que je n’aurais jamais pu le transporter, ma valise étant déjà sur le point d’exploser (au final, elle aura pesé 29,1kg, alors que j’étais limité à 20kg seulement… Mais j’ai été agréablement surpris d’apprendre qu’ANA, ma compagnie aérienne, tolérait jusqu’à 10kg de surpoids !).

De retour en France, je n’ai pas pu résister. Il fallait que j’offre à mes pierres le terrain de jeu digne de les accueillir. J’ai donc commandé un goban en Kaya (la meilleure qualité possible) sur ebay, par le biais d’un site spécialisé : Yellow Mountain Imports. J’en ai eu pour 190 euros environ, frais de port compris. Soit trois fois moins cher qu’en France. Et ce matin, il vient de sonner à ma porte, après une semaine d’attente fiévreuse. Rapide le service ! L’emballage est particulièrement soigné, comme en témoignent les photos. Du polystyrène, plusieurs couches de mousse, du plastique… L’objet de mes convoitises est arrivé intact. Pour la première fois, je « teste » le toucher et le contact des pierres sur sa surface. Le son n’est pas aussi « cristallin » que je me l’imaginais (je maudis l’ingénieur du son de Hikaru no Go !) mais il est infiniment plus agréable que le « clac » auquel j’étais habitué jusqu’ici. Le Kaya est un bois merveilleux : outre son aspect doré et ses rainures esthétiques, il absorbe les vibrations et amortie avec une douceur extrême le contact des pierres. Maintenant, le plus dur pour moi va être de trouver des partenaires pour en profiter, sinon, il me faudra le ranger dans un coin afin de lui éviter de prendre la poussière…
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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 19:48
Non, je ne dormais pas, j'écoutais Maître Lim !
(merci à Jean-Pierre Tavan pour la photo)


Cela n'aura échappé à personne, mon blog est bien vide depuis quelques temps. Pas de nouveaux articles depuis quatre jours, ça commence à faire long, et je me suis même fait taper sur les doigts par une horde de fans en furie... enfin plutôt par une personne qui se reconnaîtra, c'est juste pour dramatiser un peu plus le tableau. La raison de cette scandaleuse absence ? Je pars dans 3 jours ! Et comme il me reste encore plein de choses à faire (acheter les cadeaux, consulter un médecin pour mes allergies, rencontrer la personne qui va m'offrir le logis une fois sur place...) je n'ai plus assez de temps pour alimenter mon site en bêtises diverses. Tout au plus, je peux mettre un terme au suspense concernant ma performance calamiteuse au Tournoi de Go de Paris de ce week-end : 2 victoires et 4 défaites ! On va dire que je ferai mieux l'année prochaine... Je me demande encore comment j'ai pu, il y a 3 ans, remporter 6 matchs sur 6. La chance du débutant ? Seul changement : j'ai réussi pour la première fois de ma vie à me qualifier pour les quart de finales du tournoi de blitz (des parties rapides de 10mn par joueur), ce qui m'a permis d'affronter Cornel Burzo, un fort joueur roumain de niveau 6ème dan, qui m'a naturellement laminé, sous les encouragements sarcastiques de ce diable de Motoki (il m'a surtout encouragé à abandonner !). Bref, je garde de ce tournoi un souvenir bien plus agréable que les précédentes éditions. Ces trois jours défilent décidemment trop vite.

Bonus track : mon début de partie contre Cornel Burzo commenté par Motoki Noguchi























On a tiré au sort les couleurs, et j'ai eu les blancs. Le coup 20 est une erreur, il vaut mieux jouer sous la pierre n°5.
La séquence de 24 à 37 est catastrophique pour blanc. Motoki m'a montré une possibilité beaucoup plus intéressante que je n'ai pas su voir (voir diagramme suivant).
























Après avoir fait atari en 24, Blanc doit jouer en 26. Si Noir descend en 27, Blanc lance un merveilleux "sabaki" qui commence par l'atari en 28 (un shicho qui, à première vue, ne fonctionne pas !). À la fin de la séquence, Noir perd forcément quelque chose : la pierre 1, ou les trois pierres 23-29-31.
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6 avril 2007 5 06 /04 /avril /2007 21:50
Le numéro d’avril de la revue Pour la Science fait la part belle au jeu de go. «L’ordinateur, champion de go ?» est ainsi le titre d’un dossier de huit pages concocté par Sylvain Gelly et Rémi Munos, deux spécialistes en informatique qui se sont penchés sur la difficulté qu’ont les ordinateurs à battre de forts joueurs humains au go, alors que cela ne leur pose plus aucun problème en ce qui concerne les échecs. On se souvient notamment de la défaite humiliante de Garry Kasparov face à l’ordinateur Deep Blue en 1997, puis de la domination de Deep Fritz sur Vladimir Kramnik en décembre 2006.
Le go est ainsi réputé pour être le seul jeu qui résiste à l’incroyable puissance de calcul des machines. Mais pour combien de temps ? Avec une capacité de vulgarisation remarquable, les deux auteurs mettent en avant les nouvelles approches qui pourraient permettre aux ordinateurs, peu à peu, de combler leur écart avec le niveau des joueurs professionnels : une technique  aléatoire tout d’abord, appelée « simulation Monte Carlo » et initiée par Bernd Bruegmann de l’université de Californie à San Francisco, ainsi qu’une méthode dite de calcul asymétrique. Comme le prophétise la conclusion de l’article, les ordinateurs finiront-ils par découvrir une nouvelle façon de jouer au go ?
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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 21:58
Une invitée surprise (guêpe ?) lors de ma partie contre Sylvain

Le 1er tour du championnat de France de go s’est achevé pour moi ce dimanche, avec quatre victoires et une défaite en finale face à Hélène DONNET. Je me suis donc retrouvé second sur un panel de 17 participants. Les matchs que j’ai joué étaient tous intéressants, en particulier les deux derniers. Celui contre Sylvain REVERDY m’a donné des sueurs froides (ainsi qu’à mon adversaire) : à la suite d’une erreur de lecture, j’ai dû abandonner un groupe entier d’une quinzaine de pierres, représentant un territoire d’à peu près 50 points. Mon seul espoir était de profiter de ce sacrifice pour capturer deux autres groupes encore plus grand, ce qui a précipité la partie dans un affrontement titanesque. Nous jouions à l’extérieur. On avait profité du retour du soleil pour installer deux tables en plein trottoir (bien qu'il faille apparemment avoir une autorisation que nous n'avions pas, naturellement). Les passants et les badauds s’arrêtaient pour nous regarder, et il était assez agréable d’entendre des gens s’exclamer « Regarde, c’est du go ! », ou encore « Papa, comment on joue à ça ? ». La réputation du go commencerait-elle à se répandre doucement dans notre cher pays ? La partie s’est achevée au byo-yomi (15 pierres par joueur en 5mn) et je l’ai remportée de peu, avec 5,5 points d'avance. La finale contre Hélène, jouée à l’intérieur du café Le Reflet cette fois, a été tout aussi difficile et palpitante. Cette jeune et jolie joueuse que je ne connaissais pas jusqu’à aujourd’hui a remporté le match avec la manière, d’une bonne dizaine de points. Finalement, Hélène, Sylvain et moi sommes les trois qualifiés pour le 2ème tour du championnat de France, qui se jouera à Cachan le 19 mai prochain, soit une semaine après mon retour du Japon. A l’heure où j’écris ces lignes, j’essaie d’évacuer la tension, le stress et la fatigue générés par les 5 matchs joués ce week-end. Prochaine étape dans une semaine, avec l’incontournable Tournoi de Paris à la mairie du XIIIè arrondissement, l’un des plus importants d’Europe, qui accueille chaque année près de 300 joueurs, français et étrangers.
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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 21:45
Mardi 20 mars. J’ai rendez-vous avec Maître Lim à 14h, devant le café Lescot qui est désormais fermé aux joueurs de go, afin de lui montrer nos nouveaux locaux. J’arrive à l’heure, il est déjà là, marchant d’un pas tranquille en direction des Halles. Je le prends en photo, par surprise. Sur le chemin, il me parle politique et me dit notamment tout le mal qu’il pense de Ségolène Royal, une « connasse » (sic) qui clame des poèmes lorsqu’elle part en Chine et pratique la mystification. Arrivés au Guilthi’s, le go reprend le pas sur les questions politiques et sur l’impossibilité de changer la mentalité des français (et donc la société) puisque leur problème, selon lui, est qu’ils sont incapables de se regarder en face.

A chaque rendez-vous, Maître Lim apporte avec lui des parties de professionnels qu’il a étudié. Il s’intéresse presque exclusivement au début de partie, le « fuseki » en japonais, dont il résume ainsi le grand principe : dans une partie de go, étant donné que Noir a l’avantage de jouer le premier coup, il doit toujours chercher à conserver une avance d’environ dix points. Et donc développer une stratégie cohérente. Blanc, en revanche, doit éviter de suivre les joseki (des séquences prédéterminées, ni favorables, ni défavorables pour les deux joueurs) car ces derniers ont pour finalité de fixer des positions précises, ce qui sert les plans de Noir. Au contraire, Blanc doit plutôt chercher à provoquer la confusion dans la stratégie de son adversaire.

La partie du jour est un duel homérique entre Lee Sedol et Cho U, lors du tournoi Toyota Denso 2007. Dès le 6ème coup, Maître Lim décèle une erreur. Pour affirmer son opinion, il dévoile une série de diagrammes écrits à la main qui sont autant de variations différentes. Sa critique fera l’objet d’un futur article qui paraîtra à terme sur le site du club de go de Paris.

Le nouveau lieu ne semble pas l’enchanter particulièrement, mais à un ami venu le saluer, il dit qu’ « il faut bien tolérer ». Maître Lim a déjà 82 ans. Il dit que ses amis américains sont tous morts. Il ne sait pas combien de temps encore il vivra, mais il souhaiterait écrire quelque chose sur le go avant de tirer sa révérence. Intéressé par Internet, mais totalement néophyte, il me demande de l’inviter chez moi pour lui en enseigner les rudiments. Je lui donne mon accord de principe et nous remettons notre discussion à plus tard : il doit déjà repartir.
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19 mars 2007 1 19 /03 /mars /2007 23:08

Quelques jours après la fermeture de l’antique café Lescot, qui hébergeait depuis de longues années le club de go de Paris, les responsables dudit club on réussi à trouver un nouveau lieu à deux pas de celui-ci. Le café-bar Guilthi’s, situé à l’angle de la rue Etienne Marcel et de la rue Saint Denis, accueille dès à présent, tous les jours (sauf le dimanche) et de 15h à 20h tous les joueurs de go. Je me suis rendu sur place aujourd’hui, et le lieu est sympathique quoique très enfumé… Une déception pour les non-fumeurs comme moi, qui devront patienter le temps que les travaux d’aménagement du premier étage, prévu pour être entièrement non-fumeur, soient effectués.

Résultat : après deux parties fort intéressantes contre Anne, chaque fibre de mes vêtements était délicieusement embaumée d’un doux parfum nicotinique. J’en ai profité pour prendre quelques photos avec mon misérable téléphone portable, d’où leur piètre qualité. Je m’en excuse platement. À noter qu’un autre local accueille les joueurs le mercredi et le samedi dès 15h, au 46 rue Montorgueil, non loin de là. Le café associatif Le Reflet est lui complètement non-fumeur (yes !) et propose des boissons à un prix défiant toute concurrence (le café est à 1€, les jus de fruits à 2€…). Un lieu idéal pour les jeunes au petit budget qui tiennent aussi à leurs poumons. Afin de rendre ces nouveaux lieux agréables, et de nous faire bien voir de ceux qui ont la gentillesse de bien vouloir nous accueillir, il est fortement recommandé de consommer régulièrement (disons au moins une boisson toutes les 1h30) et de penser à ranger les goban après utilisation. Demain mardi, j’ai rendez-vous avec Maître Lim qui n’est pas encore au courant de la bonne nouvelle, et je lui ferai visiter le Guilthi’s. Avec peut-être de nouvelles photos à la clef !

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9 mars 2007 5 09 /03 /mars /2007 11:50
Le Lescot en 1996 (photo d'Alain BORREL)

Je viens d’apprendre la nouvelle ce matin : le club Le Lescot (celui-là même que j’évoquais dans mon dernier article sur Maître Lim) qui a vu défiler les premiers joueurs, et qui était jusqu’ici le seul à être ouvert tous les jours, n’accueillera plus les joueurs de go à partir du mardi 13 mars. La raison de cette fermeture brutale semble venir d’un changement de propriétaire, le nouveau ne souhaitant pas accueillir le club de go dans ses locaux. Cette situation délicate, à laquelle beaucoup s’étaient préparés sans toutefois chercher une solution (même si un groupe de courageux à déjà démarré les recherches pour trouver un nouvel hébergement) est un coup dur pour le club. La disparition du Lescot, c’est aussi celle d’un pan de l’histoire du go français, l’endroit où tout a commencé, où plusieurs générations de forts joueurs ont formé les nouveaux venus, avant de devenir un lieu de transit et de détente pour les joueurs de tout poils. Ces derniers temps, le Lescot avait même enfin été scindé en deux parties, avec un coin fumeur et un non-fumeur. Mais ce confort relatif n’aura pas vécu longtemps. Je fais mes adieux à ce lieu chargé d’histoires, qui m’a accueilli il y a près de cinq ans, et grâce auquel j’ai pu me hisser péniblement jusqu’à un niveau de jeu honnête. Et c’est le cœur confiant que je me tourne vers l’avenir, persuadé que nous serons trouver un nouvel eldorado. Cela prendra le temps qu’il faudra.
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4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 22:21
J'ai longtemps rêvé de rencontrer un authentique maître de kung-fu chinois, un vieil excentrique un peu illuminé, à la sagesse et au savoir prodigieux, qui aurait fait de moi son disciple privilégié. Comme beaucoup d'adolescents sans doute, je fantasmais en me prenant pour une sorte de Karate Kid. Et puis un jour, j'ai fini par le rencontrer. Il ne pratiquait pas le kung fu ; il jouait au go. Je veux parler de Yoo Jong Lim, mais dans le (très) petit monde du go français, où l'on a pour habitude de parler de lui avec un mélange de respect et (parfois) de sarcasme, les gens l'appellent Maître Lim. Ce vieux monsieur coréen à la barbe blanche et au regard malicieux, tout droit sorti d'un film de la Shaw Brothers, donne toujours l'impression de préparer un mauvais coup. En fait, il collectionne réellement les mauvais coups, plus précisément ceux des professionnels de go qu'il prend un malin plaisir à démystifier. Car Maître Lim voue une véritable passion à la quête de la vérité. Le jeu de go requiert selon lui trois qualités essentielles : l'esprit scientifique, l'esprit d'indépendance, et l'esprit d'autocritique, car « l'esprit du go » dit-il, « c'est apprendre à avoir honte de soi ».

Maître Lim est connu pour avoir introduit ce jeu millénaire en France à la fin des années 60, et formé l
es premiers grands joueurs français, qui ont ensuite formé les suivants, et ainsi de suite. C'est dire le rôle fondamental qu'il a joué dans la propagation du jeu. J'ai fait sa connaissance il y a maintenant plus de deux ans au café Le Lescot (métro Etienne Marcel) qui abrite le club de go de Paris, le plus fréquenté de tous les clubs parisiens. Ce jour-là, il était assis à une table, jouant une partie à handicap avec un joueur français. J'étais très impressionné d'avoir en face de moi l'auteur du Jeu à 6 pierres de handicap, un ouvrage de référence qui venait justement d'être réédité et dont je venais de faire l'acquisition. Je lui ai parlé, il a continué à jouer en m'ignorant, totalement pris dans sa partie. Prenant son silence pour du mépris, je suis sorti extrêmement vexé et en colère. Quelques jours plus tard, je l'ai revu, toujours assis à la même table. Il était cette fois seul, l'esprit tout entier concentré dans l'étude d'une partie de pros récente qu'il rejouait sur un goban en plastique. Je lui ai demandé de m'accorder une partie pédagogique, ce qu'il a fait. Et j'ai compris, dans son regard, qu'il me voyait pour la toute première fois. Il m'a d'emblée poser une question : étais-je un scientifique, ou un littéraire ? Je lui ai répondu que j'avais fait un bac L (je n'ai pas osé lui dire que j'étais une quiche en philosophie). Son visage s'est alors illuminé, et il s'est écrié que d'ordinaire, les joueurs de go français étaient majoritairement des mathématiciens ou des scientifiques. Et que comme il s'intéressait essentiellement aux lettres, il trouvait peu d'interlocuteurs dans ce milieu. Il a alors commencé à me parler de Kant, Hegel, Dostoïevski, Confucius, Lao Tsu... J'appris que toutes les traductions du "Tao" étaient, d'après lui, médiocres, que personne en France n'avait compris de quoi il s'agissait. Que Sartre et Rimbaud faisaient partie des rares écrivains français qu'il estimait. Et depuis, je l'écoute parler, parfois difficilement, car son français est à couper au couteau et il faut du temps pour s'y habituer. Nos "discussions" sont en réalité des monologues : il ressent le besoin de transmettre ses théories et ses positions souvent très engagées, et moi, je bois ce qu'il dit comme une éponge qui se gorge d'eau. Je ne le coupe que lorsque je pense pouvoir enrichir ses propos ou les contredire. Mais la plupart du temps, je suis bien incapable de me hisser jusqu'au 10ème de ses connaissances.

Parfois, il fait des raccourcis surprenant entre go et littérature : par exemple, il compare le style de jeu de Lee Sedol, le deuxième plus fort joueur de la planète, au génie d'Arthur Rimbaud, citant ce dernier : « Tout à démolir, tout à effacer dans ma tête ! ». Pour lui, le plus important est de cultiver l'esprit d'indépendance, de ne pas suivre aveuglément les conventions dogmatiques, mais d'être capable de tout remettre en cause. Lim exprime ainsi son combat contre la médiocrité humaine. Et tel le Don Quichotte de Cervantès, ses coups d'épées épiques frappent l'air sans atteindre leur cible. À moins qu'on ne soit sensible à son discours. Une disposition qui, selon lui, manque cruellement aux joueurs de go contemporains.
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